Nous
sommes si habitués à traverser quotidiennement les mêmes endroits, à passer
devant les mêmes objets, qu’on finit par ne plus les voir.
Depuis
cinq ou six ans, j’ai pris l'habitude de toujours sortir avec un vieil
appareil argentique polonais que j’ai reçu de mon père. Quand je marche dans la
rue, il arrive que mon regard soit attiré par quelque chose d’a priori assez
banal, sans que je sache très bien pourquoi. Je prends alors spontanément
quelques photographies.
En
revoyant certaines de ces photos, prises dans différentes villes (Paris, New
York, Prague),
j’ai senti que quelque chose de commun les réunissait. Il
m’a semblé que s’en dégageait un climat d’abandon.
Je
crois que ce climat est celui des lieux ordinaires. En les prenant en photo,
j’ai voulu entrer en dialogue avec eux, pour les faire sortir de leur solitude.
Réunir ces photographies dans un même portfolio était pour moi le moyen de
faire émerger entre ces lieux, ces objets et ces passants, un dialogue
silencieux.